Services résidentiels

SE REBÂTIR UNE VIE STABLE DANS UN MILIEU SÉCURITAIRE

Après l’hébergement d’urgence ou des épreuves majeures de la vie, se reconstruire une vie n’est pas facile ni rapide. Les services résidentiels offrent un milieu de vie sécuritaire et permettent aux femmes de prendre le temps nécessaire pour se réapproprier une vie stable à La Résidence et par la suite, en logement autonome.

104 femmes ont bénéficié de l’accompagnement et du soutien offerts par nos services résidentiels.

Enjeux

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont singulièrement marquées lorsqu’on regarde la sécurité et le logement abordable. Les défis auxquels les femmes font face sont multiples et peuvent mettre en péril leur survie et celle de leurs enfants, comme en font foi les données qui suivent.

Lors du dernier dénombrement sur l’itinérance visible à Montréal, les femmes représentaient 24 % des personnes dénombrées.1 Ce chiffre ne tient pas compte de l’itinérance cachée, caractéristique de l’itinérance des femmes : chez des ami.es, de la famille, des inconnus en échange de services sexuels, etc. Parmi les femmes en situation d’itinérance, les autochtones et les immigrantes sont surreprésentées et ces dernières sont le plus fréquemment accompagnées de leurs enfants.

De 73 % à 81 % des femmes itinérantes sont ou ont été victimes de violence, psychologique, physique ou sexuelle, selon des études menées à l’échelle du pays.2 La pandémie a accentué ces violences, les rues désertes et les commerces fermés offrant moins de possibilités pour échapper à cette violence.

92 % des victimes de violence sexuelle sont des femmes.3 Les Montréalaises sont plus souvent victimes de violence sexuelle que partout ailleurs au Québec.4

Près de 80 % des victimes de violence conjugale sont des femmes.5 L’isolement et l’angoisse causés par la pandémie sont venus exacerber cette violence; SOS violence conjugale note d’ailleurs une hausse de 20% des appels à par rapport à l’an dernier.

Le pourcentage de troubles de l’humeur et d’anxiété est significativement plus élevé chez les femmes que chez les hommes.6 Les abus physiques ou sexuels durant l’enfance sont des facteurs de risque majeurs, tout comme la négligence, la violence conjugale, sexuelle ou le harcèlement. D’autres facteurs de risque incluent une faible scolarité, un faible revenu, la précarité d’emploi, la monoparentalité et un statut d’immigrant ou de réfugié.

D’autre part, la pauvreté constitue un des indicateurs les plus puissants de l’augmentation, de l’alourdissement et de la persistance des problèmes de santé mentale dans la population; et les statistiques démontrent que les femmes, particulièrement les mères cheffes de famille et les femmes âgées, sont parmi les plus pauvres de la société.7

En juin 2019, le taux d’inoccupation des logements était de 1,9 % à Montréal et de 0,8 % pour les logements familiaux de trois chambres à coucher ou plus. Cette situation affecte particulièrement les femmes car elles sont responsables de plus de la moitié des ménages locataires et à la tête de plus de 80 % des familles monoparentales.

De plus, Montréal est particulièrement affectée par la cherté des loyers : un 4 ½ coûte en moyenne 1317 $ par mois et les grands logements sont autour 1563 $.8 Plus pauvres que les hommes, il n’est pas surprenant que les femmes soient presque cinq fois plus nombreuses que ces derniers à consacrer plus de 30 % de leur revenu pour se loger.9

Nos programmes

Grâce à un suivi psychosocial hebdomadaire et à un vaste éventail d’ateliers de développement personnel, de causeries et d’activités conçus et offerts par une équipe d’intervenantes multidisciplinaires, les résidentes retrouvent la capacité d’agir sur leur vie et cheminent vers plus d’autonomie et de stabilité en logement. Le soutien communautaire dans nos appartements et les consultations externes permettent de consolider et de conserver cette stabilité et autonomie à long terme.

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femmes

La Résidence

34 chambres au sein d’un programme de réinsertion sociale avec suivi psychosocial hebdomadaire.

Taux d’occupation : 80 %.10

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Consultations externes

Un suivi de transition de 6 mois, offert aux femmes qui ont quitté La Résidence.

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Les Jardins du Y

21 appartements avec soutien communautaire.

Taux d’occupation : 100 %

Les Jardins du Y peuvent accueillir des femmes sans statut et des étudiantes, plus vulnérables à l’itinérance car elles ne sont pas éligibles aux logements abordables subventionnés. En 2019-2020 trois femmes dans cette situation ont bénéficié d’un logement sécuritaire et abordable.

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Brin d’elles

59 appartements avec soutien communautaire (dont 16 réservés aux résidentes du Y des femmes). Ces appartements sont gérés en collaboration avec la corporation Brin d’Elles et répartis sur trois sites (Saint-Michel, Saint-Laurent et Villeray).

Taux d’occupation : 100 %

Résultats

Stabilité et autonomie

La Résidence : 79 % ont retrouvé un logement stable

Sur les 28 femmes qui ont quitté la Résidence, 22 femmes ont trouvé un endroit stable où habiter (dont cinq dans nos projets de logement). Parmi les autres, deux sont retournées en hébergement temporaire et nous ne connaissons pas le parcours des quatre autres femmes après leur départ.

Appartements : 80 % y habitent depuis plus de 7 ans.

Dans nos appartements avec soutien communautaire, le taux de roulement est très faible depuis plusieurs années. Les déménagements sont souvent la conséquence du vieillissement des locataires qui se dirigent vers des ressources plus adaptées à leurs besoins physiques.

Sentiment d’appartenance

Lors du repas des Fêtes, près de 60 % des femmes présentes sont des résidentes des années antérieures. Les liens créés et le sentiment d’appartenance demeurent solides à travers le temps.

Témoignages

Qui sont-elles?

Statut migratoire et citoyenneté

51 % étaient issues de l’immigration et parmi celles-ci, une sur cinq était dans une situation migratoire précaire, une hausse significative par rapport aux années antérieures.

Âge

Entre 20 et 70 ans.

Enjeux de

Santé mentale

0 %

Violences diverses

0 %

Dépendances

0 %

Gérer une pandémie quand le quotidien se vit en commun

Pour des femmes en situation de vulnérabilité, qui cherchent justement à retrouver une certaine stabilité, les changements soudains entraînés par la pandémie ont causé beaucoup d’insécurité et, dans certains cas, ont partiellement détruit les progrès accomplis, retardant d’autant leur retour en logement autonome.

Du jour au lendemain, les activités et ateliers de groupe ont été annulés, les rencontres avec les intervenantes psychosociales grandement diminuées et les résidentes ont dû passer de grandes périodes seules dans leur chambre, à ne pouvoir en sortir qu’à des moments précis. Ce contexte extrêmement anxiogène a provoqué des situations de crise et des urgences presque quotidiennes.

L’hébergement de femmes en situation d’itinérance à l’Hôtel Y fut un autre facteur de déstabilisation. Les résidentes comprenaient très bien que ces femmes avaient besoin de ce service d’urgence. Toutefois, devoir partager les espaces communs avec ces dernières, et constater qu’elles bénéficiaient de conditions différentes et même, en reconnaître quelques-unes pour avoir déjà partagé le même refuge, tous ces détails du quotidien ont ajouté de la tension, des inquiétudes.

Face à ces défis, l’équipe de La Résidence a fait preuve de créativité pour agrémenter le quotidien des résidentes confinées, imaginer des activités en groupes réduits, aménager d’autres espaces, établir des horaires de partage d’espace communs ou d’outils technologiques, adapter les suivis psychosociaux, faire de la monnaie pour les machines à laver, etc.

Grâce à ces efforts, quelques résidentes qui auraient peut-être été tentées de se tourner vers la rue pendant la crise sont finalement restées en sécurité au Y des femmes.